Dans les Gorges du Méaudret…
Il s’en passe des événements dans ces jolies Gorges du Méaudret, parfois surprenantes , parfois comiques, parfois tragiques et d’autres fois à une seconde de l’être.
C’est d’une de ces secondes là que je viens vous narrer. Mais avant de lire les lignes suivantes afin de les comprendre, je vous invite à relire mon article paru en 2013, dans initiatives-vercors.fr. Les aléas de la vie ont fait que de cette équipe, cinq ans après, trois chauffeurs sont encore au volant de « nos » bus, Frank, Julien et Christofer ; d’autres sont arrivés pour compléter l’effectif, dont Brice et Marie. Christiane, la Responsable de la Gare Routière de Villard-de-Lans, est toujours à ce poste.
C’était le mardi 11 septembre dernier, le soleil inondait de ses chauds rayons toute cette merveilleuse région, quelques oiseaux vagabondaient d’un arbre à l’autre, des vaches et leur veau ne regardaient pas la circulation des automobiles mais broutaient paisiblement dans les prairies. Un bus, venant de Méaudre et allant à Villard-de-Lans, roulait tranquillement sur cette jolie route en lacets entre coupée de courtes lignes droites. Outre le chauffeur, Brice, il y avait une passagère à bord. Brutalement, à 13 h 45, il fut immobilisé : venant dans l’autre sens, sans doute de Villard de Lans, coupant la ligne blanche, une petite voiture rouge s’est dirigée vers le bus à vive allure ; ce fut, avec force, l’inévitable collision.
Grâce au sang-froid de Brice et à sa maîtrise de son mastodonte, le pire fut évité. Pas de morts, ni de blessés graves mais, dans le bus, deux personnes ont été moralement très « secoués », la passagère a perdu connaissance 2 ou 3 secondes du fait du choc ; le Méaudret est en contre-bas, le bus penche sur sa droite, son pneu gauche a éclaté, sa batterie est détruite bloquant tout à l’intérieur, y compris la possibilité de sortir normalement par l’une des deux portes. Et puis, toute la fumée émanant du choc extérieur, a fait craindre un incendie : que faire tout est bloqué ! De part et d’autre de la route, les véhicules ont été bloqués, quelqu’un a passé un gros marteau et une veste à capuche au chauffeur afin de briser la vitre centrale, des bris de verre l’ont blessé à une main. Des cartons ont été pliés et placés sur le bord du bas de cette fenêtre. Marie, également conductrice de bus, au volant de son véhicule privé, est immobilisée dans la file de face. Collègue de Brice, elle est grimpée à bord avec la rapidité d’un chat pour soigner sa blessure et le réconforter ainsi que la passagère ; mais même l’escabeau placé au bas de la fenêtre brisée n’a pas permis à celle-ci de sortir, une terrible douleur a bloqué sa jambe gauche et sa cheville droite. « Il vaut mieux attendre les pompiers » a-t-elle dit, « alors je reste avec vous » a prononcé Brice, le capitaine de l’autobus naufragé. L’angoisse de chacun des deux a diminuée du fait de la présence de Marie et de ce que le feu n’a pas pris.
L’attente des pompiers est toujours trop longue, même s’ils sont arrivés vite de Villard-de-Lans, avec la Gendarmerie. Ils ont évalué les dégâts, questionné Brice : « combien êtes-vous dans le bus, êtes-vous blessés ? » ; « nous sommes deux, dont une dame, passagère ; pas moyen d’ouvrir les portes ». Un pompier a réussi à le faire de l’extérieur, les a rassurés sur la sortie, puis il a entrainé la passagère vers l’extérieur. Du haut de la porte, elle a paniqué « je ne tiens pas bien debout, je ne voudrais pas que vous basculiez en arrière »… En fait, l’espace plat est de la largeur d’un pied, la pente commence là où se tiennent, en très bon équilibre, deux pompiers « n’ayez crainte, posez votre pied contre le mien, venez… ». A trois, ils l’ont rassurée et rapidement entrainée sur le bord de la route, Brice et Marie l’ont suivie.
Ce n’est qu’assise dans l’ambulance qu’elle a éclaté en sanglots, les nerfs ont lâché prise, le contre coup. Son humour a vite repris le dessus « et dire qu’il aura fallu cet accident pour que je sois entourée de tant de beaux hommes !!! » De grands éclats de rire ont raisonné, la détente s’est installée.
Le responsable de l’accident, un commercial d’une cinquantaine d’année, sorti indemne de sa voiture, juste avec une égratignure sur le visage, l’air quelque peu ahuri, ne cessait de s’excuser « j’ai voulu baisser le son de ma radio, je n’ai pas réalisé… » qu’il arrivait à grande vitesse droit sur le bus ?? « N’est-ce pas plutôt votre téléphone que vous cherchiez ? » lui ai-je demandé « Non, non, ma radio…. » Evidemment, il ne pouvait pas le dire, son permis de conduire, lui aurait été retiré, illico.
Merci à Brice qui nous a sauvés d’un bain de pieds forcé dans le Méaudret, aux automobilistes compatissants, aux Pompiers de Villard-de-Lans arrivés au plus vite avec la Gendarmerie, à Marie et à Jean-Noël dont la présence inattendue a été réconfortante… La passagère, c’était moi ; il m’a fallu une semaine pour me remettre, moralement, de cet accident qui m’en a rappelé d’autres et vous en parler. Brice a courageusement repris le volant d’un autre bus afin de terminer sa journée. Marie m’a téléphoné pour prendre de mes nouvelles et a répondu à ma question, « Brice va bien, et sa blessure aussi, mais il pense tous les jours à cet accident ».
Comment peut-on rouler aussi vite sur ces routes à lacets avec si peu d’attention ? Comment est-il possible d’être au volant d’un véhicule sans aucune conscience des dangers et des responsabilités à l’égard des autres usagés ? Ainsi que je l’écrivais naguère, c’est tous les jours à chaque fois qu’ils sont au volant de leur bus que les chauffeurs risquent leur vie du fait du comportement fou de certains automobilistes. Mais j’ajoute : les conducteurs de taxis, VSL ou non, d’ambulances et tous les particuliers consciencieux de leurs responsabilités au volant.
Certains des usagés, y compris les motocyclistes et les vélocipédistes ne roulent pas sur leur bande, quelques-uns, se portent à gauche pour tourner à droite, plusieurs sont encore avec leur téléphone en main…
Et pour terminer, n’ayant pas de voiture, je fais beaucoup d’auto-stop : venez tenter votre chance de survie dans les Gorges de la Bourne ou du Méaudret… et parfois sur d’autres routes, hélas.
Henrianne van Zurpele pour www.initiatives-vercors.fr – 17 septembre 2018.
Crédit photos : Jean-Noël Gouy, Taxis des 4 montagnes.
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