Identité et Agriculture au Villard de Lans, retour historique...

Réflexion générale et chronologique sur le principe d’acculturation au Villard de Lans, proposée par Damien Sylvestre-Pottin, dans le cadre de la Commission Identité et Agriculture du Villard de Lans du "Grenelle de Villard de Lans" – Juin 2008.

(Acculturation : mouvement de rapprochement, de contact et d’interférence culturelle entre deux ou plusieurs entités.)

Introduction : Le Villard de Lans fut fondé au XIe siècle, second bourg aggloméré de la baronnie de Sassenage, principal lieu de transactions du massif. Forte identité économique liée à la terre, aux forêts, au commerce saisonnier (foires, marchés), à sa situation de carrefour et aux alpages.

Identité propre et réputée jusqu’à la seconde moitié du XIXe siècle. Quatre phases d’acculturation se sont succédées en un siècle, symétriques à la création des « stations ».

Présentation des quatre phases d’acculturation au Villard de Lans :

Station d’élevage de la Villarde. 1860-1950 (historiquement morte).

Faits marquants : Ouverture des gorges de la Bourne, du Méaudret, réaménagement de la route de Lans à Sassenage, création de la station d’élevage, concours agricoles spéciaux, construction des coopératives fruitières et d’hôtels de tourisme, apparition de matériels urbains (fontaines, bâtiments administratifs).

Impacts identitaires : Abandon du matériel agricole traditionnel, mise aux normes des fermes, augmentation des cheptels, apprentissage de l’ « étranger », premiers touristes, changement du comportement autarcique, début de la production fromagère collective, syncrétisme entre les
cultures.

Station climatique. 1925-1960.

Faits marquants : Lutte contre la tuberculose, apparition d’architectures étrangères, premiers réseaux d’eau potable, constructions de grands hôtels, sanatorium, maisons d’enfants, lycée climatique, villas individuelles.

Impacts identitaires : Réorientation des préoccupations, développement du capitalisme. Fin de la dynamique agricole. Début de la reconversion au tourisme. Projets urbains de grandes ampleurs, disproportion, voir folie des grandeurs, délaissement des structures sociales traditionnelles. Fracture identitaire. Abandon de l’architecture traditionnelle.
L’identité montagnarde devient un folklore obsolète. Découverte du « paysage » autrement que de façon pratique.

Station d’hiver. 1968-2008.

Faits marquants : Jeux olympiques, mise aux normes des infrastructures de transport, fin de la reconversion au tout tourisme. La télé dans chaque foyer, construction de la piste de luge, de la station de la Côte 2000, du Balcon et des Glovettes, patinoire couverte, camping.

Impacts identitaires : Destruction du vieux bâtis, fin de la solidarité sociale, réorientation politique vers l’extérieur, délaissement des industries locales, favoritisme du tourisme.
Assistanat puis dépendance économique complète aux flux exogènes.

Station dortoir. 1990- en cours.

Faits marquants : Construction de lotissements individuels, augmentation des prix du foncier, inter marchés, grandes surfaces, construction du centre aquatique, périurbanisation.
Adhésion à des organismes de prestige, accessibilité et irrigation par Internet, relais téléphonie mobile.

Impacts identitaires : Remise en question des vestiges identitaires, de l’agriculture, développement du tempérament individualiste, découverte et envahissement du néoruralisme, rentabilisation du temps et de l’espace. Augmentation des besoins urbains.
Problématique constante de mise aux normes et de mise à la mode. Le Villard n’est plus une montagne, mais une campagne périurbaine.

Conclusion :

Ces quatre périodes d’acculturations ont été marquées par une progression constante des facteurs exogènes liés à la modernisation des circuits de mobilité et de communication.

Le « fonctionnalisme » s’étant imposé comme logique, mais au détriment
direct de l’identité culturelle et territoriale. Les autorités locales n’ont jamais fait œuvre de protectionnisme, mais ont soutenu ces facteurs avec excès et de façon irraisonnée.

Aujourd’hui, le Villard ne présente aucune identité spécifique, le processus d’acculturation a conduit en un siècle à une assimilation de l’extérieur et une volonté de « reproduire » pour être « compétitif ».

Ceci a impliqué la dissolution complète de la culture de base de façon définitive.

A l’heure actuelle, le « pignon lauzé » est le meilleur exemple de cette acculturation, il n’est pas un facteur d’identité, puisqu’il est imposé dans un cadre esthétique parfois douteux et non fonctionnel. Ne reste donc de l’identité qu’une image folklorique n’ayant aucun sens et aucune utilité, le reste du bâtiment étant élaboré par et pour l’extérieur avec des principes entièrement soumis aux apparences et aux besoins de la culture dominante.

La conservation du pignon lauzé à ceci de pratique pour les nouveaux résidents, constructeurs et autres, qu’il ne gène pas...

Damien Silvestre-Pottin
MsH



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