Où en sont les AMAP et paniers du Vercors ?

Quelques années après le lancement des 4 collectifs de type "paniers" sur les 4 Montagnes, où en sont ces collectifs ? Sont-ils ouverts, se sentent-ils utiles, ont-ils des projets ?

En pleine réflexion générale sur la relocalisation de nos achats et de nécessaire protection de notre tissu agricole local, revenons sur ces collectifs pour en dresser un bilan.

Sur les 4 Montagnes, le collectif de Villard est seul adhérent pour l’instant au réseau des AMAP. Il existe ensuite 3 collectifs proposant des paniers, à Autrans / Méaudre, Lans et Engins.

Nous rappelons en bas de cet article le principe et les réalités des AMAP et collectifs de "paniers", mais entrons tout de suite dans le vif du sujet pour ceux qui connaissent déjà l’esprit... Où en sont les collectifs du plateau ? (Il existe bien sûr aussi des collectifs tout autour du plateau du Vercors, "en bas").

Bilan collectif...

Ces 4 structures existent depuis 2 à 5 ans, et ont donc déjà un peu de recul... En lien avec l’actualité, les envies grandissantes de retour à une certaine qualité de contact et d’achats, que nous enseignent ces collectifs ?

Mais tout d’abord, quelles sont les "forces en présence" ?

25 familles à Engins, presque 80 à Autrans et Méaudre, près de 70 à Lans et 40 à Villard... Cela représente entre 700 et 800 personnes (au moins 6% des habitants du plateau !). Rien de négligeable donc.

Quel bilan chaque collectif tire-t-il de ces premières années ?

A Lans, on est "satisfaits de l’engouement suscité par notre association et ce dès le début. Depuis les membres ont un peu évolué mais leur nombre est croissant."

A Autrans et Méaudre (même collectif), les membres sont "ravis, enchantés et toujours motivés par le "consommer local" en lien avec des producteurs qui nous expliquent leur travail, et tout ce qu’ils vivent ; nous tenons beaucoup à l’aspect relationnel, qui nous permet de mieux comprendre les aléas de production, et de savoir pourquoi nous "accompagnons" certains producteurs."

A Engins, on se dit "satisfaits du partage des idées du collectif. La solidarité avec les producteurs n’est pas un vain mot chez nous. L’organisation de notre collectif nous demande beaucoup de temps, d’énergie ... mais cela en vaut la peine. Beaucoup de gens du village se sont connus grâce à cela, des amitiés sont nées ... "

A Villard, on se dit "assez satisfaits du collectif, des relations avec les producteurs et des produits. Il y a parfois des difficultés pour obtenir certains produits (les légumes en hiver par exemple ; peu de producteurs montent sur le plateau pour peu de paniers), mais tout cela avance... L’implication des membres est variable, mais on réussit régulièrement à créer de bons moments de rencontres (repas, balades, réunions, dégustations, visites de producteurs...), et nous parvenons à avancer pas après pas sur notre implication en faveur de l’agriculture et d’une meilleure alimentation (participation à des foires, aide à l’achat de terre, soutien à des producteur qui s’installent...)".

On notera que les collectifs abordent peu spontanément dans leurs réponses le sujet de la qualité des produits : Une évidence sans doute... Les produits viennent majoritairement du Vercors, mais certains sont "importés" par des producteurs d’en bas, pas toujours faciles à séduire car il faut se confronter à la question du transport chaque semaine...

Les collectifs ont chacun des producteurs plus ou moins différents, au choix de chaque structure et des disponibilités des producteurs. Ici on trouvera du fromage de brebis et de chèvres, là de chèvres et de vaches ; ici on trouvera de la charcuterie, là plutôt du boeuf ou de l’agneau... Mais en général il y a du fromage, du pain, de la viande, et des fruits et légumes selon les saisons. Il peut s’ajouter du poisson, de la farine, du miel, de l’huile, des oeufs...

Les fonctionnements varient. Parfois on demande un engagement minimum auprès des producteurs (minimum de commandes chaque mois, ce qui n’est pas bien contraignant pour des légumes, du pain, des fruits etc, s’agissant d’achats courants), et parfois et pour certains produits les commandes se font au coup par coup.

Qu’en pensent les producteurs ?
Gaëlle, productrice de légumes et "petits fruits" à Méaudre, fournissant l’AMAP de Villard et membre de l’AMAP, nous dit "qu’il s’agit d’un vrai débouché économique" pour elle ; "cela demande préparation dans le long terme (même s’il y a des imprévus/ changements en court de route), du temps passé à imaginer, à assembler, puis c’est du plaisir d’offrir cela... Mais finalement ce n’est pas très différent des relations qui se font sur le marché ; les modes de débouché ne changent pas la façon de travailler du moment que c’est de la vente directe ou en petits magasins (contact proche avec le client / consommateur)".

Sylvie Jourdannet, qui fournit plusieurs des collectifs du plateau, nous indique en synthèse que "une Amap pour moi ce n’est pas qu’un débouché... mais une vraie bouffée d’oxygène !"

Carole Ansel (Chèvrerie du Chatelard à Méaudre) indique que les AMAP et groupements représentent 45% de son activité, et l’assurance de pouvoir anticiper sans problème de trésorerie. Les inconvénients pour elle sont la longue préparation des paniers à la maison, le temps à consacrer aux consom’acteurs... mais en échange d’une relation de confiance qu’elle reconnaît et recherche.

C’est en effet le contact direct avec le consommateur qui revient souvent dans les motivations des producteurs, tant pour réduire les intermédiaires et maintenir du coup un prix de vente correct et suffisamment rémunérateur (ce qui n’est pas le cas dans les circuits longs de type hypermarchés par exemple), que pour pouvoir interagir et discuter avec "ceux qui mangent ce qu’ils produisent".

Le futur ?

Que vont devenir ces collectifs ? Ils semblent d’un côté dans "l’air du temps" d’une tendance au retour au "manger mieux", mais complètement à l’opposé d’une alimentation industrielle sans aucune éthique. Comment voudraient-ils évoluer ?

A Villard on pense "essayer de grandir un peu pour mieux intéresser les producteurs de légumes et de fruits d’en bas (pour l’hiver), mais sans aller trop loin et en restant sur des produits locaux - notre soutien depuis 2 ans à une nouvelle productrice de légumes du plateau a porté ses fruits (ou plutôt ses légumes !), cette année. Nous pensons aussi continuer à participer à des actions pour promouvoir cette consommation locale et défendre la survie de nos producteurs".

A Lans, "l’idée est de rester à une taille "humaine" et pour l’heure nous ne désirons pas ni ne pouvons (capacité des producteurs) agrandir le collectif".

A Autrans et Méaudre, "Nous ne cherchons pas spécialement à faire grossir le groupe car le lieu de distribution n’est pas très grand. En 2012, nous espérons trouver "enfin" le producteur de légumes qui satisfera le plus grand nombre, sinon, nous sommes satisfaits de tous les autres producteurs ! Un autre objectif pourrait être de "stimuler" le groupe pour le rendre plus dynamique et proposer plus d’échanges, si des personnes se sentent l’énergie d’organiser ou de proposer des actions... nous sommes preneurs !"

A Engins, "Notre volonté n’est pas de grossir démesurément mais de proposer une autre façon de consommer à notre échelle en faisant en sorte que les gens soient satisfaits autant que les producteurs. Bienvenue aux personnes qui partagent l’esprit de notre collectif !"

Perspectives...

Ces collectifs, on l’a vu à travers leurs réponses, ne sont pas amenées à grandir beaucoup (pour rester à taille humaine et gérables par les bénévoles, des paniers pour 40 à 70 membres demandent un peu d’organisation !), mais il peut tout à fait s’en créer un par village (pour limiter les déplacements des producteurs et des consomm’acteurs).

Mais le phénomène est déjà important puisque cela représente entre 700 et 800 personnes ; on a là tout ce qu’il faut (nombreuses personnes et ambitions) pour créer un vrai "lobby" pour le "manger mieux" pour tous et pour le soutien concret à l’agriculture locale.
Le Parc du Vercors et quelques élus étant aussi sur cette ligne, on imagine qu’il ne manque plus grand chose pour qu’une vraie concertation se fasse par exemple pour que les terres soient plus accessibles aux petits agriculteurs, au lieu de favoriser les grandes surfaces et grands exploitants d’un côté et les constructions de lotissements de l’autre. Il y a une vraie demande (ces collectifs de paniers ne sont qu’une partie de la démonstration, il y a déjà de nombreux petits producteurs de qualité sur le Vercors) pour une diversité de producteurs et de produits locaux de qualité.
Il ne manque plus grand chose non plus pour que le mouvement d’amélioration des cantines de nos enfants s’accélère. Un petit coup de reins supplémentaire... Allez, c’est bientôt les élections locales, c’est le moment de faire pression auprès de vos élus ;-)

Certains de ces collectifs amplifieront peut-être leurs exigences et actions au-delà de leur cercle restreint, tant il semble évident que tous, même ceux qui sont avant tout des groupements d’achat aujourd’hui, partagent une même envie et une vision très proche concernant leur alimentation et leurs relations avec les producteurs et voisins.

En tous cas une chose est sûre, ces collectifs sont en plein dans deux tendances fortes du moment :
 Le souhait de rétablir des liens en ramenant la convivialité là où elle n’aurait jamais dû partir, surtout en France, pays de gastronomie : Dans l’alimentation quotidienne.
 Les consommateurs deviennent des consomm’acteurs, c’est-à-dire qu’ils pensent que leurs achats sont un acte choisi et une sorte de bulletin de vote. On favorise toujours les producteurs dans la communication et le marketing, en oubliant souvent que le consommateur peut émettre ses préférences, au lieu de seulement choisir dans un catalogue de produits qu’on lui propose. Ces collectifs n’étaient par exemple pas présents à la fête du bleu cette année, étrange qu’ils n’aient pas été invités. Et il y a 2 ans, un des collectifs était bien présent à la fête du bleu à Saint Nizier, mais si leur stand avait été fort visité par les consommateurs, aucun producteur ni officiel ne s’y était intéressé... Trop préoccupés à penser à vendre plus ?

Quelques brefs rappels pour compléter...

Une AMAP, c’est une Association pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne de proximité. Les objectifs sont nombreux, mais les principaux sont de mettre en relation directe producteurs et consommateurs, au plus proche possible géographiquement, en jouant la solidarité et la qualité (le but est de tendre vers le bio, au minimum, c’est-à-dire un bio éthique et proche).

La Solidarité avec les producteurs n’est pas un vain mot, et les consommateurs s’engagent à l’avance sur des commandes, donnant par exemple 6 mois de visibilité aux producteurs. Ils aident aussi parfois les producteurs dans leurs coups durs, et en retour recueillent des contacts vrais, des échanges riches, le sentiment de consommer utile et de qualité (tant en terme de produits donc que de relations), tout en pouvant donner leur avis sur ce qui leur est proposé.

Les AMAP ont une charte, des pratiques encadrées et des objectifs larges et souvent ambitieux, et sont réunies en réseau.

Mais la constitution d’une AMAP n’est pas impérative ; on entend souvent parler dans les médias des "paniers", non adhérents au réseau des AMAP pour diverses raisons (que ce soit par simplicité, réflexion du collectif en évolution, non adhésion aux valeurs et ambitions des AMAP ou toute autre raison). Dans ce cas on oscille entre des principes très proches des AMAP à de simples groupements d’achats, c’est selon.

Que proposent ces collectifs locaux ? Visitez leur site pour en savoir plus et suivez leur actualité :

 Pams, les paniers d’Autrans-Méaudre : http://amapam.over-blog.com/
 Paniers d’Engins : http://amap-enginsvercors.blogspot.com/
 Ratatouille, les paniers de Lans : http://ratatouille38.over-blog.com/
 Vert de terre, l’AMAP de Villard : http://amap.villard.free.fr/



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