[Tribune] Culture : Que se passe-t-il sur les 4 Montagnes ? (A propos de l’audit)

Je culture, tu … cultures, il ou elle, on culture … Présent de l’indicatif, verbe du premier groupe … : inconnu ? Sûr ? Pourtant, entre cultiver et cumuler, … ? Non ? Merci, Bescherelle !!

A la question « - Que se passe-t-il, en terme de culture, sur les 4 Montagnes ? », ma première réponse, spontanée, est : un foisonnement ! Un foisonnement multiforme, multiple, jubilatoire et … anarchique.

Des pétards culturels explosent plus ou moins régulièrement, dans tous les villages, à tous les étages, … un peu comme l’eau et le gaz. Discrètes, invisibles, bruyantes, colorées ou pastelles, moult mèches, lentes ou impatientes, se consument sans discontinuer avec une retenue pyrotechnique toute relative.

Collectivement ou individuellement, épisodiquement, à chaque hiver comme à chaque printemps, personnellement ou associativement : des créateurs créent … et parfois se croisent, dans tous les domaines et “ champs ”de la création. Les 4 Montagnes chantent, dansent, dessinent, musiquent et théâtrent, … : bénéfique chaos ! Sèves vitales toujours recommencées.

Certes, on peut entendre parfois : « - Il ne se passe rien !  », ou pire, «  - Il n’y en a que pour les touristes. » Le tourisme a bon dos. Car il n’est qu’à sortir, et si près de chez soi en définitive.

Les élus du canton ne manquent jamais une bonne occasion de souligner et louer “ notre belle et riche santé associative ” en matière de culture. Donnons leur raison sur cet aspect des choses. Sans compter que, de façon complémentaire et non concurrente, existent également des initiatives privées. Citer ces forces vives, associatives ou privées, tissant la grande toile d’araignée culturelle sur les 4 Montagnes serait un exercice fastidieux, relevant plus de l’inventaire que de l’Encyclopédie. L’intérêt se situe plus dans le vivant que dans le catalogue.

Richesse intra muros, si l’on peut dire, de nos créateurs locaux … mais aussi richesse des échanges car depuis longtemps (toujours ?), ce canton sait accueillir artistes et spectacles, créateurs de son dehors. Ce n’est pas nouveau : je me souviens avoir entendu que mon grand-père maternel s’était risqué à la figuration sur un tournage de La loi du Nord sur les hauts de Corrençon, et que ma mère avait pu assister, toute adolescente et captivée, à du Molière donné par des comédiens de la Comédie Française au … Rex. La “ tradition ” est donc amplement maintenue, en particulier grâce aux efforts du PNRV, de la MPT cantonale, et de beaucoup d’autres : Festival d’humour, Maison du Patrimoine, Cie Léon Natan dans une moindre mesure, … mais aussi bibliothèques, Offices de Tourisme, qui invitent à tour de bras dans nos villages. Coupole, salles des fêtes, petites et grandes salles, chapiteaux, granges, … “ camion ” même, reçoivent ainsi des spectacles variés et souvent de qualité que boude rarement la “ clientèle ” locale.

Parfois même, et au risque de choquer certains, je dirais qu’il y en a trop. Mais entre le “ trop ” et le “ pas assez ”, j’ai pour bonne habitude à préférer le verre à moitié plein au vide.

Il convient déjà et d’abord de poser ce constat : il y a une grande activité culturelle sur ce canton qui nous est cher, … même si elle n’est pas toujours très visible. Elle existe, … nous l’avons rencontrée.

Ensuite, et seulement ensuite, toute question est légitime et peut bien évidemment être déclinée : pas assez de danse ? Trop de théâtre ? Moins de chorales ? Plus de rock ou d’afro-cubain ? Plus de “ pros ” ? … Plus d’expos ? Oui, bien sûr !

D’autant qu’il se trouve toujours un original, ou un insatisfait : tenez, personnellement, il m’a été offert une magnifique Kora. J’ai bien trouvé les grilles d’accord sur Internet, mais il me manque un professeur pour apprendre à en jouer. Hélas ! Il manque de maliens au Villard !

Quoi qu’il en soit, nous restons à moins d’une heure de bagnole de “ la plaine ”, vallée toujours féconde également où l’on trouve aussi de tout et de tous niveaux : profitons-en sans modération, et profitons du voyage pour conclure quelques courses plus alimentaires. C’est tout bénéf !

Vous voulez en savoir un peu plus ? Vous voulez lâcher la bride à votre curiosité culturelle ? Devenez donc lecteur d’audit culturel. Si, si, … il existe des lecteurs d’audits culturels puisqu’il existe des commanditaires d’audit culturel. Demandez nous les clefs numériques, et … bonne chance !
La lecture des conclusions d’un audit est toujours tonique ou désespérante en diable. N’hésitez donc pas à jeter un œil, et le bon, sur les conclusions de la société Accolades, version 9 ou 22 pages. L’avenir nous dira ce que ce papier laborieux apportera, ce que nous lui devrons.

Car je sens bien que ça vibre tout autour. Un printemps délibérément végétal nous ramène Épicure et Sénèque entre deux tiges de muguet. Les fenêtres restent ouvertes, on entend de la flûte dans le quartier, un piano, des voix … une italienne des Chaises de Ionesco s’installe sur le gazon à nouveau adolescent. Des toms et des caisses claires transpercent le toit de la MPT le jeudi soir, chaque jeudi soir, … direction Tunis, un Caire universel où l’homme décide d’avancer une fois de plus, collectivement, où le don le dispute au profit, où la raison et l’intelligence l’emportent sur les exercices comptables.

Quand j’entends le mot “ culture ”, je sors … dans la rue, je jubile, j’oublie mes rhumatismes.

J’enrage avec Victor Hugo : Partout où il y a un champ, partout où il y a un intelligence, qu’il y ait un livre !

J’applaudis avec Benjamin Péret : Si l’on recherche la signification originelle de la poésie, aujourd’hui dissimulée sous les mille oripeaux de la société, on constate qu’elle est le véritable souffle de l’homme, la source de toute connaissance et cette connaissance elle-même sous son aspect le plus immaculé.

J’irradie avec Louis Jouvet : Je me suis trouvé, un jour, au théâtre, dans une salle, puis sur la scène : je m’en étonne encore moi-même.

Je me marre avec Alain Bashung : … j’étais assez sectaire, je n’aimais que Gene Vincent ou Buddy Holly, mais je me suis rendu compte assez rapidement que je passais à côté de plein de choses intéressantes en n’aimant qu’une certaine forme de musique. J’aimais Piaf aussi parce que c’était très fort, donc je me suis dit : c’est complètement con de bouffer du steak frites tous les jours.

Mais revenons en Vercors, que nous n’avons d’ailleurs pas quitté. En quoi le fait culturel, les pratiques, les problèmes seraient-t-ils si différents de ceux de cantons voisins ? Ici comme ailleurs, les créateurs ne manquent ni de courage, ni d’ingéniosité. Ici comme ailleurs, les audaces payent. Ici comme ailleurs, avec trois brins de ficelle, une tenture noire et trois projos on s’étonne de faire vibrer. Que l’on danse, peigne, pianote ou déclame, des parcelles de bonheurs simples s’ouvrent à nous : nous donnons, nous nous donnons, … nous ne refusons rien à nos tripes et nous avançons dans le partage “culturel ”.

Parce qu’elle est une activité humaine et sociale, c’est dans l’action que la culture prend tout son sens. Elle ne peut avoir de tour d’ivoire, de quotas, … de maîtres à culturer. Il n’y a pas de culture sans liberté de créer. Il n’y a rien à gagner à chercher à distinguer la grande création de la petite, évidemment plus discrète.

Mais tout cela, nous le savons depuis des siècles.

Le plus urgent ne me paraît pas tant de défendre une culture dont l’existence n’a jamais sauvé un homme du souci de mieux vivre et d’avoir faim, que d’extraire de ce que l’on appelle la culture, des idées dont la force vivante est identique à celle de la faim. C’est Antonin Artaud qui nous le proposait, bien avant les asiles et l’électrochoc. Beaucoup avanceront dans cette voie. Il faut avouer qu’il savait “ mettre le paquet ” :
Il faut insister sur cette idée de la culture en action et qui devient comme un nouvel organe, une sorte de souffle second : et la civilisation c’est de la culture qu’on applique et qui régit jusqu’à nos actions les plus subtiles, l’esprit présent dans les choses ; et c’est artificiellement qu’on sépare la civilisation de la culture et qu’il y a deux mots pour signifier une seule et identique action.

Quelle magnifique actualité !!

De toute façon : essayez donc d’entrer à cinq dans un audit quatro, … et nous en reparlerons.

Yves Gerin-Mombrun



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